mardi 18 août 2009

Le piratage du site internet d'un candidat aux municipales

Dans cette affaire jugée le 29 avril dernier, le Conseil d’État a jugé que l’usurpation d’une qualité professionnelle par un candidat, mais aussi et surtout que le piratage d’un site internet d’une liste concurrente constituent des manœuvre qui, compte tenu du faible écart des voix, ont altéré la sincérité du scrutin. En conséquence, le juge a confirmé l’annulation des opérations électorales qui se sont déroulées à Gaude lors des dernières municipales de 2008.

Il est intéressant de noter que le tribunal administratif de Nice avait retenu à tort une troisième motif, à savoir la divulgation de fausses informations sur le soutien d’une liste éliminée au premier tour. Mais compte tenu du très faible écart de voix (4 voix de plus pour le gagnant), le Conseil d’État a considéré que les deux motifs précédents suffisaient pour affecter la sincérité du scrutin. Et il est vrai que l’utilisation de l’internet dans les campagnes électorales allant croissant, l’intrusion dans un site internet, constituant par ailleurs une infraction pénale, peut avoir des effets réels sur le résultat des élections et leur issue.

En ce qui concerne le piratage du site internet, motif qui, à notre connaissance, constituait une première, il s’agit de la modification de son contenu, le fonctionnement du site n’étant redevenu normal que tardivement. Surtout, ce qui est classique en matière de contentieux électoral, le fait que ce n’est pas un membre de la liste gagnante qui ait été responsable de l’intrusion, que le chef de file de cette liste n’en était ni l’instigateur, ni le complice n’a eu aucune incidence sur la solution du litige. Il suffit en effet que les manœuvres en cause ont été réalisées au préjudice d’une liste…

5 commentaires:

  1. Cher Somni,

    Vu le faible écart de voix, tout biais pouvait devenir significativement influent.

    Quand tu parles de "piratage d'un site internet", tu veux dire que des personnes avaient modifié le contenu même du site ?

    Mais en même temps, si les responsables du piratage n'étaient pas les membres de la liste gagnante, n'importe qui aurait pu faire les modifications pour invalider les résultats?

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  2. Oui, c'est ça, le site internet avait été modifié par des tiers.
    Peut importe pour le juge que ce piratage ait été réalisé par des membres de la liste concurrente elle-même. Il s'attache seulement aux résultats probables de ce piratage, effectué au détriment de la liste qui a été battue.
    Il effectue le même raisonnement lorsqu'il est distribué un tract violemment diffamatoire, par exemple. Même s'il n'émane pas des membres des listes en concurrence ou s'il n'a pas été distribué par eux, il annule les élections, si l'écart des voix est faible. Le juge a une position réaliste, qui peut susciter l'incompréhension des vainqueurs mais qui, à mon sens, doit être approuvée.

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  3. Oui, tu as raison. Le faible écart des voix rendait très délicat le jugement et nécessitait d'appliquer un principe de réalité.

    Une victoire franche vaut toujours mieux qu'une victoire acquise dans le doute.

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  4. Le problème, c'est qu'en général, les nouvelles élections donnent les mêmes vainqueurs :-)

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  5. Si tel est le cas, cela prouve que les éventuels tricheurs "externes" sont punis et que leur vilaine action n'a pas porté les fruits qu'ils espéraient ;o)

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